Les États-Unis étaient dans un endroit différent dans leur histoire lorsque leur première adaptation de Godzilla est sortie au cinéma. C’était des temps plus heureux pour les Américains, et même quand Hollywood était envahi par les films catastrophes, leur attitude était plus cool, positive, sans véritable inquiétude. Et puis, un jour, ce n’était plus le cas. Ce n’est pas un secret que les États-Unis ont été profondément touchés par les attentats du 11 septembre 2001, et son industrie cinématographique n’y a pas échappé; on a dû par exemple retirer une affiche et une bande-annonce pour le premier Spider-Man, publicités qui mettaient en valeur le World Trade Center, et effacer la silhouette des bâtiments par ordinateur dans le film lui-même.
Hollywood s’est donc distancié considérablement de ces récits de destruction massive et d’histoires trop proches de la réalité dans leurs blockbusters, se réfugiant dans la magie, les bandes dessinées et les robots géants intergalactiques. Cependant, la sortie et le succès critique et public de The Dark Knight en 2008, adaptation très sombre d’un héros de bande dessinée, ont envoyé un message aux producteurs des grands studios américains, à savoir que le public était maintenant en demande de films aux émotions extrêmes et aux sujets plus sinistres. C’est ainsi que nous nous retrouvons, en 2014, avec une nouvelle adaptation du roi des monstres : Godzilla, une adaptation qui est heureusement réalisée par quelqu’un d’autre que Roland Emmerich – Dieu merci! Cependant, comme Godzilla 1998 était un produit dérivé desJurassic Park et Independance Day des années 90, cette deuxième tentative, réalisée par le nouveau venu Gareth Edwards (Monsters), n’est pas la révélation ni le renouvellement souhaité de la fructueuse franchise nippone. En fait, Godzilla 2014 ne finit par être qu’un film qui se place sans broncher dans la tradition des films de Godzilla et des films hollywoodiens sérieux des années 2010; un film compétent, mais très rudimentaire dans sa formule.
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